Une page collective, composée grâce à la participation de tous ceux qui ont répondu à notre proposition. Le thème : l’impermanence, le temps qui passe, le processus organique du changement, la réalité de la transformation. La question était : comment la vivre ?
Merci à tous ceux qui ont pris le temps de répondre. ce qui suit en est le fruit : textes et photos, poésie et science, citations et pensées… Laissez vous guider

L’impermanence et l’éphémère
Pour moi, les « sakura » sont ce qui me rappelle le mieux l’impermanence. Tellement beau, tellement foisonnant et en même temps si éphémère. Le simple fait de voir éclore les fleurs, c’est déjà les savoir bientôt parties …
Bénédicte

une photo de mon fils, marchant dans le square face de chez nous, sous la pluie de pétales roses.
L’impermanence se comprend aisément,
sur les choses et les objets : la belle table dont nous faisons très attention, nous constatons un jour une écaille dans le bois, ou un changement de couleur ; l’arbre perd ses feuilles et grandit, la fleur fane, le corps change, les rides apparaissent etc… tout ceci sont des représentations matérielles évidentes.
il y a longtemps que je me suis posée la question sur la perte du matériel, car j’avais souvent en tête les guerres, les éléments (feu, eau ..)qui détruisent tout, donc je devais relativiser mes besoins et mes désirs.
Qu’en est-il des sentiments ? eux aussi se modifient avec le temps :
des amis que nous n’apprécions plus, des êtres auxquels on vouait un grande admiration, nous réalisons que c’était un leurre et nous n’y portons plus le même intérêt ni la même admiration, des êtres que l’on aimait que l’on n’aime plus, et vice versa.
Les sentiments sont une impermanence immatérielle. Là, j’ai beaucoup plus de mal à vivre cette impermanence, car la compréhension de cet état de fait peut avoir une conséquence de comportement désastreuse sur les relations humaines ; en effet, certains peuvent penser qu’ étant donné que tout change, ils peuvent se dire « peu importe mon attitude, mon comportement, c’est ainsi, puisque tout change ! » et devenir les rois, les reines des mufles.
Tout ceci nous amène à nous poser la question de l’ attachement, si l’on considère le matériel et l’immatériel, la souffrance sera-t-elle la même ?
Anne-Marie

l’impermanence c’est l’instant présent, qui devient en quelques fractions de secondes du passé, qui se transforme et se conjugue au futur. Mais en sommes nous bien conscient de cela ?
L’impermanence chocolat
SENSATIONS
6h50 Mes yeux s’ouvrent avant la sonnerie du réveil.
J’enfile mes vêtements dans le noir et le silence.
Très vite.
J’ai froid.
Dehors l’air est saturé d’eau.
J’entraperçois la lune alors que le ciel aspire les nuages.
La voiture.
La route presque déserte, les réverbères blafards.
La radio me cisaille le cerveau.
Nuit d’insomnie.
Je me sens bizarre.
Projetée dans un monde inconnu.
7h30 Mon quartier est désert, silencieux.
Tout est gris. Pas gris-souris, non. Gris-sali.
Les livres, les photos, la lumière douce, le bouddha, je suis chez moi.
Une douche, un thé aux agrumes.
J’ai réintégré le monde.
7h50 Sonnette. Déjà !
Le paquet annoncé est décidément matinal.
Aquarelle Gourmand – Collection de douceurs.
Je m’attarde sur les deux premiers mots. Je flâne.
Mariage inattendu de la légèreté, du diffus, de l’aérien et du plein, du rond en bouche, du presque charnel.
L’Elégance se tient devant mes yeux.
Chic et sobre. Toujours.
J’ouvre la boite.
Ravissement.
Joli tableau de petits chocolats si délicats.
Un air japonais.
Chacun possède sa personnalité que j’ai hâte de découvrir.
Mais je ne veux rien précipiter.
Ce serait leur faire offense.
11h Eclats de pistache : croustillant enfantin et note d’amande.
Je l’adopte.
11h10 Noix d’Amérique : praliné – noix de pécan.
Amertume à l’accent caramélisé.
Surprise délicieuse.
J’adore.
13h15 Pomme à l’envers : compote de pomme et chocolat
D’une audace folle et loufoque.
Je craque.
16h20 Caprice : crème brûlée
Brume veloutée de vanille.
J’aime.
17h15 100% : l’enrobage de chocolat noir cède sous ma dent et me livre l’onctuosité
sombre-amère. J’explore absolument. Une note de réglisse en touche finale.
Je succombe.
20h30 Mon regard erre sur la table : tasse de tisane, lunettes, petit cheval de bois du
Sud-Népal, bâton d’encre de chine.
Je lis la notice : Nous vous recommandons de déguster vos chocolats dans le mois qui suit leur réception.
J’éclate de rire.
20h35 Ombre chinoise : zut ! Je me suis trompée ! Je viens de croquer dans 100% !!!
Vite, rincer ma bouche afin que ma nouvelle découverte ne soit
pas compromise.
Je reprends.
20h40 Ombre chinoise : dosage exact du thé et du jasmin.
Mon palais accueille la Chine et l’Inde.
Je m’incline devant tant d’équilibre.
Tendre noisette me fait de l’œil…
Hatsu hotaru
Tsui to soretaru
Te kaze kana
Là puis envolée
La première luciole –
Du vent dans ma main.
ISSA

De mon point de vue l’impermanence a « deux versants » : un relatif et un ultime. En résumé un dans l’espace et dans le temps, engendrant des causes et des effets qui sont en essence vides, avec des notions de juste ou d’erroné. De l’autre, une autre « réalité » en dehors du temps et de l’espace qui génère de l’énergie. Les deux conjuguant l’instant, formant une même entité. Voilà ou j’en suis aujourd’hui .J’ai conscience que le chemin sera long …! Pedro
L’impermanence quantique
Regard d’un observateur devenu un adepte du bouddhisme.
La résonance qu’a le Bouddhisme dans ma vie, et notamment certains préceptes, est celle qui évoque mes années passionnées autour de la physique. Cela peut paraître éloigné mais ne l’est pas à mon sens.
Quand je me suis mis à étudier un peu plus profondément par curiosité notre système solaire et par là même l’agitation physique de la matière, il m’a fallu ouvrir des portes qui elles-mêmes ouvraient d’autres portes, mais, l’exercice le plus difficile fut d’admettre l’incompréhensible : « la mécanique quantique » et sa théorie, et encore au-delà, la nature du comportement de la matière !!!
Pour essayer de comprendre, j’ai réécrit ligne par ligne la théorie de la relativité restreinte {merci Mr Einstein dont la clarté des écrits m’a beaucoup aidé} en essayant d’admettre la nature de cette théorie mais surtout de la conceptualiser. En tout humilité.
Deux phénomènes émergent de tout cela, deux phénomènes qui donnent un sens aux mots « intrications » et « impermanences » que l’on retrouve dans le Bouddhisme.
Le 1er phénomène est la nature dualiste de la lumière, un moment « onde » un autre « corpusculaire », ce qui veut dire que la nature même de cette énergie peut passer à tout moment d’un état à un autre, il n’y a donc pas de « permanence » d’état dans ce qui nous est de plus cher dans ce monde, la lumière !!
Toujours dans l’impermanence, la nature quantique de la matière qui peut être ici et là en même temps !! Assez affolant mais vérifié par les plus imminents physiciens.
Excusez-moi d’intégrer cette particularité dans ce thème qu’est l’impermanence, je veux parler de l’intrication, car je crois qu’elle va de pair avec l’impermanence…
L’intrication. Ce très troublant comportement de la matière… Qu’est-ce donc d’un point de vue physique ? Un photon (ou une particule de matière) est scindée en deux parties sécables, l’une est envoyée dans un sens à la vitesse de la lumière, l’autre dans le sens opposé toujours à la vitesse de la lumière, les inter-distances sont conséquentes {Environ 20km}, mais lorsque l’on change l’état d’une des deux particules ou photons, instantanément, l’autre particule sœurs elle aussi change d’état {je simplifie l’expérience} !!! Cela veux donc dire que l’information peut/va plus vite que la vitesse de la lumière, ou qu’il existe dans ce monde la non-localité et que tout est intriqué !!
Tout ceci pour exprimer pour partie ce qu’est l’impermanence d’un point de vu physique et finalement philosophique.
La Bouddhisme, de ce que j’en sais aujourd’hui, démontre l’ impermanence des choses, par l’état de nos pensées, de nos vies, de nos idées, de nos comportements etc……….cette clairvoyance, d’une grande sagesse et subtilité de l’esprit , fut éprouvée par les grands maîtres et leurs visions d’une grande lucidité sur la nature des êtres.
Depuis j’ai admis que cette « impermanence » était un fait d’un point de vu philosophique et qu’au travers du Bouddhisme, relevait d’une évidence qui ne peut souffrir de contre vérité tellement elle s’impose à nous, ma vie change, petit à petit. Elle me fait accepter la réalité de la vie dans son expression la plus noble et calme mon esprit.
Un exemple concret. Je pratique la course à pied régulièrement, il m’arrive parfois (souvent) de souffrir, alors je mets en pratique ce que l’impermanence impose, le pas que je viens de faire n’est plus à faire, celui à venir pas encore là, reste « mon » pas qui lui est là, présent… mais qui ne sera plus quelques secondes plus tard et cela m’aide à ne pas me disperser dans des pensées perturbatrices souvent négatives….
Je ne sais si mon plaidoyer est clair et s’il peut être admis et compris, mais plus simplement je suis sûr aujourd’hui, que le bouddhisme possède cette clairvoyance profonde en rapport avec l’essence même de la nature physique des choses et de l’homme et qu’elle est, de plus, salvatrice pour tout un chacun à partir du moment où l’on admet que cette impermanence comprise est une libération.
Avec tout le respect qu’il se doit pour tout un chacun et à vous-mêmes.
Stéphane

L impermanence… C est aussi l’espoir que le présent douloureux s’éloigne, que l’heureux le devienne d’une autre manière…
C est l’essence de la vie..
Dominique
L’imperma-danse
Comment la vivre ?
comme une danse ou chaque mouvement est l’origine du suivant, souplement, comme un jeu, comme inévitable, comme une joie comme une découverte, comme un défi à l’équilibre.
Comment la vivre ?
Mais… il faut apprendre à danser !
mais…. il faut apprendre à surfer sur la vague !
Mais….. il faut apprendre à se passer du long bâton quand on marche sur la corde raide !
et souvent
je tombe
je pleure,
j’ai mal
je n’en peux plus,
ce je est tant et tant ! Je n’y vois plus rien !!!!
Il m’étouffe, ou est il ?
Mais j’apprends à danser, c’est comme ça
ça passe, ça s’arrête, ça penche, ça pense
ça continue,
c’est la danse,
l a danse.
imperma-danse
Morgane
L’impermanence comme immuable

Des nuages à la mélancolique beauté
Serrés les uns contre les autres
comme immuables
Mais aussi des nuages chassés par le vent
Et laissant le soleil nous caresser
Juste l’instant
Michèle (photo et texte)
Impermanence et émotion
La réalité de chaque instant, le corps, l’esprit et tout ce qui nous entoure se transforment. Tout ceci nous aide à réaliser ce qui est important, quelle est la transformation intérieure la plus juste, face à ce qui, finalement, marque l’illusion. L’émotion devrait être là pour nous montrer ce qu’il y a à changer en nous, elle devrait être comme une sonnette d’alarme qui nous pousserait à réfléchir et non à la saisir (l’émotion). On ne peut arrêter l’impermanence mais la comprendre pour se transformer et donc respecter cette réalité. J’ai beau savoir, à peu près ce qu’elle est mais je me vois souvent entraînée par l’émotion.
Gaétane
L’impermanence de Néruda
Amis, voila ce que je veux,
C’est presque rien et presque tout.
J’ai tant vécu qu’un jour
vous devrez m’oublier inéluctablement,
vous m’effacerez du tableau :
mon cœur n’a pas de fin.
Mais parce que je demande le silence
ne croyez pas que je vais mourir :
c’est tout le contraire qui m’arrive
il advient que je vais me vivre.
Il advient que je suis et poursuis.
Ne serait-ce donc pas qu’en moi
poussent des céréales,
d’abord les grains qui déchirent
la terre pour voir la lumière,
mais la terre mère est obscure,
et en moi je suis obscur :
Je suis comme un puits dans les eaux duquel
la nuit dépose ses étoiles
et poursuit seule à travers la campagne.
Le fait est que j’ai tant vécu
que je veux vivre encore autant.
A présent, comme toujours, il est tôt.
La lumière vole avec ses abeilles.
Laissez-moi seul avec le jour.
Je demande la permission de naître.
Pablo Neruda
Envoyé par Isabelle

Le temps est un bel exemple d’impermanence !
Isabelle
Accueillir l’impermanenceEn 1997, lors d’un enseignement de quelques jours sur le lâcher-prise dans votre centre de méditation bouddhiste en Dordogne, j’ai fait connaissance avec le thème de « l’impermanence ». Ma vision personnelle du mouvement de la vie s’est considérablement modifiée.Je me suis mise à accueillir le changement. L’accueillir, le reconnaître et me l’autoriser…
Ceci me parait être un des principes de base pour nous remettre en question, nous transformer et renaître dans l’épreuve.
L’impermanence est à mon sens l’outil de la non-saisie. Cette attention au mouvement constant de la vie qui nous renseigne sur les possibilités du moment. Puis vient celui de l’intention, qui est une action de volonté !
L’attention renforce et l’intention transforme…
Joelle |

Merci aux peintres et photographes. Nous avons associés les photos avec des phrases envoyées.
Il y avait une vidéo mais le format ne passait pas.
Il se peut que l’une ou l’autre participations ne se retrouve pas sur la page.
rendez-vous pour la prochaine page collective…
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