Trois raisons qui rendent tout deuil unique.

Du point de vue de l’enseignement du Bouddha, la souffrance du deuil est le fruit de notre fonctionnement. En effet, nous nous attachons à des êtres, des relations, des objets, des situations sans considérer leur impermanence.

Nous savons bien que nous pouvons être séparés de ceux que nous aimons, nous savons bien qu’un jour nous mourrons, que nous pouvons perdre notre travail, égarer ou casser des objets auxquels nous tenons, etc.

Nous avons besoin d’être entouré de ceux que nous aimons, dans un cadre de vie qui nous convienne, dans un lieu où nous nous sentons en sécurité. Tout cela nous est nécessaire et il n’y a pas de problème à cela, si ce n’est que nous ne prenons pas en compte l’impermanence qui est notre caractéristique même, qui est inhérente à tous les phénomènes composés. C’est une réflexion à laquelle nous sommes invités afin d’être moins fragilisé par la perte.

Le processus de deuil 

Le processus du deuil se vit par étapes, nous passons de l’incrédulité à la colère, de la culpabilité à la tristesse, de phases dépressives en phases d’acceptation, tout cela dans un vécu émotionnel déstabilisant. Ces phases s’interpénètrent, se vivent souvent de façon chaotique et non linéaire.

Si le processus du deuil est universel, son vécu est à chaque fois singulier, parce qu’il est conditionné par une constellation de paramètres qui vont lui donner son caractère unique et singulier.

Pour faciliter la compréhension, j’aborderai ces différentes conditions en prenant l’exemple d’un deuil suite au décès d’un proche. Cependant, les différents deuils en lien avec une rupture amoureuse ou amicale, la perte d’un emploi, la fin d’un projet, etc., sont de la même façon conditionnés par les circonstances.

Explorons ces paramètres. Ils sont de trois types, les circonstances de la mort, les conditions liées à  la personne décédée et la personne endeuillée.

Les circonstances de la mort

Si la mort était plus ou moins attendue, à cause d’une pathologie évolutive ou du grand âge, les proches auront eu le temps de se préparer à la séparation. Tandis que si la mort survient brusquement, accident de la circulation, arrêt cardiaque, ou hémorragie cérébrale, la séparation brutale devient plus complexe à vivre. Sans parler bien sûr des suicides où le sentiment de  culpabilité est bien souvent omniprésent chez les proches.

D’autres circonstances peuvent également colorer le vécu du deuil, s’il y a eu réanimation ou non, si les douleurs physiques n’ont pu être complètement apaisées, si des troubles respiratoires importants ont précédé la mort, etc. Les souffrances peuvent être multiples et laisser les proches dans un sentiment d’impuissance important.

La qualité de l’accompagnement, du moins le sentiment que tout a été fait au mieux, conditionne également la souffrance de la perte, de même que le respect des choix du patient. Pour certains, la présence ou non au moment de la mort aura un impact fort, tant positif que négatif.

Les différents paramètres en lien avec la personne décédée

L’âge du défunt, la nature du lien que ce soit un conjoint, un parent, un enfant, un proche ou un ami, seront déterminants, mais également la nature des échanges en fin de vie, la qualité de la relation qu’elle ait été harmonieuse, conflictuelle ou ambivalente. Il est à noter que des conflits non réglés, générateurs de remords ou de culpabilité, auront un poids important au cours du deuil.

Par ailleurs, le vécu de la maladie ou du grand âge donnent une teinte singulière au deuil. S’il y a eu acceptation ou refus, si les proches ont le sentiment que la personne ne s’est pas suffisamment « battue » ou qu’elle a refusé certains soins, s’il y a eu des opinions différentes dans la famille sur les choix thérapeutiques, tous ces aspects marquent le deuil de façon évidente.

Les conditions appartenant à l’endeuillé

Les expériences passées de deuils plus ou moins difficiles ou un deuil en cours limitent bien souvent les capacités psychiques pour affronter à une souffrance nouvelle. Le sentiment de ne pouvoir faire face peut envahir la personne en deuil et limiter sa capacité à s’adapter à la perte, du moins dans un premier temps. De même, un état de santé fragile ou une personnalité en fragilité psychologique rendra le temps du deuil plus complexe.

D’autres éléments sont également déterminants, ce sont les pertes associées au décès de la personne proche, comme la nécessité de faire face au quotidien, la perte ou le maintien du foyer familial, du niveau social, des moyens financiers.

Nous pouvons voir ainsi qu’en énumérant quelques uns des paramètres qui conditionnent un deuil, que chaque vécu ne peut être que singulier, que chaque membre d’une même famille affectée par le décès d’un proche aura un parcours différent. Ces différences sont parfois source d’incompréhension, on peut avoir l’impression qu’untel semble ne pas souffrir, qu’un autre semble en faire trop, etc. Cela peut être en plus source de conflit qui peut être éviter en comprenant la situation unique de chacun.

Anila Trinlé

deuil

Ce que n’est pas la méditation

Il peut être utile parfois de définir une pratique comme la méditation par ce qu’elle n’est pas. Le mot méditation est en-lui même ambigu, il recouvre de nombreuses disciplines. Nous discutons ici de la méditation dans le cadre de la tradition bouddhique.

Faire le vide

Lorsque nous méditons, l’idée première est de se débarrasser de l’agitation. Les sensations, les pensées et les émotions viennent sans cesse perturber l’esprit et générer insatisfactions, manques et frustrations. La tentation est grande, pour éprouver le calme, de se débarrasser de ce chahut intérieur dans le but d’être enfin tranquille. Le fruit de la méditation serait alors un vide psychique qui ne serait encombré par rien.

En fait, l’esprit est un organisme vivant. Son mouvement est naturel et nourrit par l’habitude de saisir cette incessante activité. Ce ne sont pas les allées et venues des pensées qui sont un problème, c’est notre façon de nous y relier. Vouloir entraver les ressacs des pensées c’est commencer un combat avec l’esprit lui-même, c’est se couper d’une partie de nous-même.

Le propos n’est pas de bloquer le mouvement mais de l’accepter, de le laisser libre. A l’image d’une vague qui, ne rencontrant aucune entrave, vient mourir d’elle-même sur le rivage, les pensées se dissipent naturellement dès que l’on ne les nourrit plus, dès que nous les laissons libre. Le propos est d’accueillir les pensées pour ce qu’elles sont, de simples mouvements plutôt que d’écouter ce qu’elles nous disent.

Rechercher des expériences

Nous pouvons également prendre la méditation pour un espace d’expérimentation de sensations nouvelles. Nous sommes alors à la recherche de nouveaux ressentis : des impressions jamais vécues, du bien-être voire de la félicité, peut-être même des visions, des formes, des couleurs, des lumières…

Quand bien même des expériences viendraient fleurir notre méditation, qu’en ferions-nous par ailleurs ? Quelles seraient leur utilité sinon quelques attachements de plus et une pratique méditative motivée par la recherche d’expériences inédites ou la répétition de ce qui a déjà été éprouvé ?

Mais il y’a, ici, une ambiguité : une méditation bien menée génère toute sortes d’expériences. Il est dit qu’elles sont aussi nombreuses que les gouttes de rosée au lever du soleil. Elles s’évaporent néanmoins tout aussi rapidement. La question n’est pas de rechercher les expériences puisqu’elles s’élèveront de toute façon. Il s’agit, à l’inverse, de ne pas se laisser fasciner par elles. Elles ne sont que des moments de l’esprit, des dimensions cachées par l’agitation qui se révèlent naturellement.

Méditer consiste à changer de mode de connaissance, à se défaire des distractions (comme celle qui consiste à faire le vide, ou celle qui s’évertue à éprouver quelque chose de nouveau). Méditer c’est se donner l’opportunité de percevoir clairement nos fonctionnements confus pour s’en libérer. C’est bien la non distraction qui peut mener à la quiétude et à la clarté.

Se relaxer

Une confusion demeure : prendre la méditation pour de la relaxation. Le propos de la relaxation – comme son nom l’indique – est de relaxer corps et esprit. Pour nous qui sommes bien souvent très mentaux et ”coupés de nous-mêmes”, les multiples techniques de relaxation peuvent être un sas précieux pour méditer, une façon de se retrouver, de se relier à nous-même. Mais la pratique méditative va au-delà de cette détente psycho-physique, aussi profonde et riche soit-elle. On pourrait dire que la détente est une condition première à la méditation.

Méditer, c’est se familiariser à un un nouveau mode d’être, à un autre mode de connaissance. La quiétude n’est qu’une première étape qui mène au discernement. Nous parlons ici d’une façon de connaître qui va au-delà des sensations, des pensées et des émotions. Il s’agit de donner sa chance à l’esprit de se connaître autrement, tel qu’il est, sans confusion. Cela ne peut se fabriquer, cela se cultive.

Et donc

Ni faire le vide, ni chercher des expériences, ni se relaxer, la méditation est un entraînement à la non distraction et à la clarification de l‘esprit. Elle génère de nombreuses qualités applicables au quotidien : détente et disponibilité accrues, concentration et vigilance naturelle, par exemple. Mais le réel but de la méditation dans le cadre de la pratique bouddhique est de se rencontrer tel que l’on est, sans fard, sans masque. La méditation est une rencontre répétée avec nous-même, qui nous permet de nous reconnaître dans la multiplicité de nos réactions et de nos fonctionnements et de les pacifier afin de laisser émerger ces qualités inhérentes propres à l’humain que nous sommes.

Puntso

rechercher des expériences

Rechercher des expériences…

L’impermanence (page collective)

Une page collective, composée grâce à la participation de tous ceux qui ont répondu à notre proposition. Le thème : l’impermanence, le temps qui passe, le processus organique du changement, la réalité de la transformation. La question était : comment la vivre ?
Merci à tous ceux qui ont pris le temps de répondre. ce qui suit en est le fruit : textes et photos, poésie et science, citations et pensées… Laissez vous guider


P1050749

L’impermanence et l’éphémère

Pour moi, les « sakura » sont ce qui me rappelle le mieux l’impermanence. Tellement beau, tellement foisonnant et en même temps si éphémère. Le simple fait de voir éclore les fleurs, c’est déjà les savoir bientôt parties …
Bénédicte

 une photo de mon fils, marchant dans le square face de chez nous, sous la pluie de pétales roses.


une photo de mon fils, marchant dans le square face de chez nous, sous la pluie de pétales roses.

L’impermanence se comprend aisément,

sur les choses et les objets : la belle table dont nous faisons très attention, nous constatons un jour une écaille dans le bois, ou un changement de couleur ; l’arbre perd ses feuilles et grandit, la fleur fane, le corps change, les rides apparaissent etc… tout ceci sont des représentations matérielles évidentes.

il y a longtemps que je me suis posée la question sur la perte du matériel, car j’avais souvent en tête les guerres,  les éléments (feu, eau ..)qui détruisent tout, donc je devais relativiser mes besoins et mes désirs.

Qu’en est-il des sentiments ? eux aussi se modifient avec le temps :

des amis que nous n’apprécions plus, des êtres auxquels on vouait un grande admiration, nous réalisons que c’était un leurre et nous n’y portons plus le même intérêt ni la même admiration, des êtres que l’on aimait que l’on n’aime plus, et vice versa.

Les sentiments sont une impermanence immatérielle. Là, j’ai beaucoup plus de mal à vivre cette impermanence, car la compréhension de cet état de fait peut avoir une conséquence  de comportement désastreuse sur les relations humaines ; en effet, certains peuvent penser qu’ étant donné que tout change, ils peuvent se dire  « peu importe mon attitude, mon comportement, c’est ainsi, puisque  tout change !  » et devenir les rois, les reines des mufles.

Tout ceci nous amène à nous poser la question de l’ attachement, si l’on considère le matériel et l’immatériel, la souffrance sera-t-elle la même ?

Anne-Marie

 l'impermanence c'est l'instant présent, qui devient en quelques fractions de secondes du passé, qui se transforme et se conjugue au futur. Mais en sommes nous bien conscient de cela ?


l’impermanence c’est l’instant présent, qui devient en quelques fractions de secondes du passé, qui se transforme et se conjugue au futur. Mais en sommes nous bien conscient de cela ?

L’impermanence chocolat

SENSATIONS

6h50 Mes yeux s’ouvrent avant la sonnerie du réveil.
J’enfile mes vêtements dans le noir et le silence.
Très vite.
J’ai froid.
Dehors l’air est saturé d’eau.
J’entraperçois la lune alors que le ciel aspire les nuages.
La voiture.
La route presque déserte, les réverbères blafards.
La radio me cisaille le cerveau.
Nuit d’insomnie.
Je me sens bizarre.
Projetée dans un monde inconnu.

7h30 Mon quartier est désert, silencieux.
Tout est gris. Pas gris-souris, non. Gris-sali.
Les livres, les photos, la lumière douce, le bouddha, je suis chez moi.
Une douche, un thé aux agrumes.
J’ai réintégré le monde.

7h50 Sonnette. Déjà !
Le paquet annoncé est décidément matinal.

Aquarelle Gourmand – Collection de douceurs.
Je m’attarde sur les deux premiers mots. Je flâne.
Mariage inattendu de la légèreté, du diffus, de l’aérien et du plein, du rond en bouche, du presque charnel.
L’Elégance se tient devant mes yeux.
Chic et sobre. Toujours.

J’ouvre la boite.
Ravissement.
Joli tableau de petits chocolats si délicats.
Un air japonais.
Chacun possède sa personnalité que j’ai hâte de découvrir.

Mais je ne veux rien précipiter.

Ce serait leur faire offense.

11h Eclats de pistache : croustillant enfantin et note d’amande.
Je l’adopte.

11h10 Noix d’Amérique : praliné – noix de pécan.
Amertume à l’accent caramélisé.
Surprise délicieuse.
J’adore.

13h15 Pomme à l’envers : compote de pomme et chocolat
D’une audace folle et loufoque.
Je craque.

16h20 Caprice : crème brûlée
Brume veloutée de vanille.
J’aime.

17h15 100% : l’enrobage de chocolat noir cède sous ma dent et me livre l’onctuosité
sombre-amère. J’explore absolument. Une note de réglisse en touche finale.
Je succombe.

20h30 Mon regard erre sur la table : tasse de tisane, lunettes, petit cheval de bois du
Sud-Népal, bâton d’encre de chine.
Je lis la notice : Nous vous recommandons de déguster vos chocolats dans le mois qui suit leur réception.
J’éclate de rire.

20h35 Ombre chinoise : zut ! Je me suis trompée ! Je viens de croquer dans 100% !!!
Vite, rincer ma bouche afin que ma nouvelle découverte ne soit
pas compromise.
Je reprends.

20h40 Ombre chinoise : dosage exact du thé et du jasmin.
Mon palais accueille la Chine et l’Inde.
Je m’incline devant tant d’équilibre.

Tendre noisette me fait de l’œil…

Hatsu hotaru
Tsui to soretaru
Te kaze kana

Là puis envolée
La première luciole –
Du vent dans ma main.

ISSA

 De mon point de vue l'impermanence a "deux versants " : un relatif et un ultime. En résumé un dans l'espace et dans le temps, engendrant des causes et des effets qui sont en essence vides, avec des notions de juste ou d'erroné. De l'autre, une autre "réalité " en dehors du temps et de l'espace qui génère de l'énergie. Les deux conjuguant l'instant, formant une même entité. Voilà ou j'en suis aujourd'hui .J'ai conscience que le chemin sera long ...! Pedro


De mon point de vue l’impermanence a « deux versants  » : un relatif et un ultime. En résumé un dans l’espace et dans le temps, engendrant des causes et des effets qui sont en essence vides, avec des notions de juste ou d’erroné. De l’autre, une autre « réalité  » en dehors du temps et de l’espace qui génère de l’énergie. Les deux conjuguant l’instant, formant une même entité. Voilà ou j’en suis aujourd’hui .J’ai conscience que le chemin sera long …! Pedro

L’impermanence quantique
Regard d’un observateur devenu un adepte du bouddhisme.
La résonance qu’a le Bouddhisme dans ma vie, et notamment certains préceptes, est celle qui évoque mes années passionnées autour de la physique. Cela peut paraître éloigné mais ne l’est pas à mon sens.
Quand je me suis mis à étudier un peu plus profondément par curiosité notre système solaire et par là même l’agitation physique de la matière, il m’a fallu ouvrir des portes qui elles-mêmes ouvraient d’autres portes, mais, l’exercice le plus difficile fut d’admettre l’incompréhensible : «  la mécanique quantique » et sa théorie, et encore au-delà, la nature du comportement de la matière !!!
Pour essayer de comprendre, j’ai réécrit ligne par ligne la théorie de la relativité restreinte {merci Mr Einstein dont la clarté des écrits m’a beaucoup aidé} en essayant d’admettre la nature de cette théorie mais surtout de la conceptualiser. En tout humilité.
Deux phénomènes émergent de tout cela, deux phénomènes qui donnent un sens aux mots « intrications » et « impermanences » que l’on retrouve dans le Bouddhisme.
Le 1er phénomène est la nature dualiste de la lumière, un moment « onde » un autre « corpusculaire », ce qui veut dire que la nature même de cette énergie peut passer à tout moment d’un  état à un autre, il n’y a donc pas de « permanence » d’état dans ce qui nous est de plus cher dans ce monde, la lumière !!
Toujours dans l’impermanence, la nature quantique de la matière qui peut être ici et là en même temps !! Assez affolant mais vérifié par les plus imminents physiciens.
Excusez-moi d’intégrer cette particularité dans ce thème qu’est l’impermanence, je veux parler de l’intrication, car je crois qu’elle va de pair avec l’impermanence…
L’intrication. Ce très troublant comportement de la matière… Qu’est-ce donc d’un point de vue physique ? Un photon (ou une particule de matière) est scindée en deux parties sécables,   l’une est envoyée dans un sens à la vitesse de la lumière, l’autre dans le sens opposé toujours à la vitesse de la lumière, les inter-distances sont conséquentes {Environ 20km}, mais lorsque l’on change l’état d’une des deux particules ou photons, instantanément, l’autre particule sœurs elle aussi  change d’état {je simplifie l’expérience} !!! Cela veux donc dire que l’information peut/va plus vite que la vitesse de la lumière, ou qu’il existe dans ce monde la non-localité et que tout est intriqué !!
Tout ceci pour exprimer pour partie ce qu’est l’impermanence d’un point de vu physique et finalement philosophique.
La Bouddhisme, de ce que  j’en sais aujourd’hui, démontre l’ impermanence des choses, par l’état de nos pensées, de nos vies, de nos idées, de nos comportements etc……….cette clairvoyance, d’une grande sagesse et subtilité de l’esprit , fut éprouvée par les grands maîtres et leurs visions d’une grande lucidité sur la nature des êtres.
Depuis j’ai admis que cette « impermanence » était un fait d’un point de vu philosophique et qu’au travers du Bouddhisme, relevait d’une évidence qui ne peut souffrir de contre vérité tellement elle s’impose à nous, ma vie change, petit à petit. Elle me fait accepter la réalité de la vie dans son expression la plus noble et calme mon esprit.
Un exemple concret. Je pratique la course à pied régulièrement, il m’arrive parfois (souvent) de souffrir, alors je mets en pratique ce que l’impermanence impose, le pas que je viens de faire n’est plus à faire, celui à venir pas encore là, reste « mon » pas qui lui est là, présent… mais qui ne sera plus quelques secondes plus tard et cela m’aide à ne pas me disperser dans des pensées perturbatrices souvent négatives….
Je ne sais si mon plaidoyer est clair et s’il peut être admis et compris, mais plus simplement je suis sûr aujourd’hui, que le bouddhisme possède cette clairvoyance profonde en rapport avec l’essence même de la nature physique des choses et de l’homme et qu’elle est, de plus, salvatrice pour tout un chacun à partir du moment où l’on admet que cette impermanence comprise est une libération.
Avec tout le respect qu’il se doit pour tout un chacun et à vous-mêmes.
Stéphane

 L impermanence... C est aussi l'espoir que le présent douloureux s'éloigne, que l'heureux le devienne d'une autre manière...  C est l'essence de la vie.. Dominique


L impermanence… C est aussi l’espoir que le présent douloureux s’éloigne, que l’heureux le devienne d’une autre manière…
C est l’essence de la vie..
Dominique

L’imperma-danse

Comment la vivre ?
 comme une danse ou chaque mouvement est l’origine du suivant, souplement, comme un jeu, comme inévitable, comme une joie comme une découverte, comme un défi à l’équilibre.
 Comment la vivre ? 
Mais… il faut apprendre à danser ! 
mais…. il faut apprendre à surfer sur la vague !
 Mais….. il faut apprendre à se passer du long bâton quand on marche sur la corde raide !
 et souvent
je tombe
je pleure,
j’ai mal
je n’en peux plus,
ce je est tant et tant ! Je n’y vois plus rien !!!!
 Il m’étouffe, ou est il ? 
Mais j’apprends à danser, c’est comme ça
ça passe, ça s’arrête, ça penche, ça pense
ça continue,
 c’est la danse,
l a danse.
imperma-danse

Morgane

L’impermanence comme immuable

 Des nuages à la mélancolique beauté Serrés les uns contre les autres                 comme immuables Mais aussi des nuages chassés par le vent Et laissant le soleil nous caresser  Juste l'instant Michèle (photo et texte)


Des nuages à la mélancolique beauté
Serrés les uns contre les autres
comme immuables
Mais aussi des nuages chassés par le vent
Et laissant le soleil nous caresser
Juste l’instant
Michèle (photo et texte)

Impermanence et émotion

La réalité de chaque instant, le corps, l’esprit et tout ce qui nous entoure se transforment. Tout ceci nous aide à réaliser ce qui est important, quelle est la transformation intérieure la plus juste, face à ce qui, finalement, marque l’illusion. L’émotion devrait être là pour nous montrer ce qu’il y a à changer en nous, elle devrait être comme une sonnette d’alarme qui nous pousserait à réfléchir et non à la saisir (l’émotion). On ne peut arrêter l’impermanence mais la comprendre pour se transformer et donc respecter cette réalité. J’ai beau savoir, à peu près ce qu’elle est mais je me vois souvent entraînée par l’émotion.

Gaétane

L’impermanence de Néruda 

Amis, voila ce que je veux,
C’est presque rien et presque tout.
J’ai tant vécu qu’un jour
vous devrez m’oublier inéluctablement,
vous m’effacerez du tableau :
mon cœur n’a pas de fin.
Mais parce que je demande le silence
ne croyez pas que je vais mourir :
c’est tout le contraire qui m’arrive
il advient que je vais me vivre.
Il advient que je suis et poursuis.
Ne serait-ce donc pas qu’en moi
poussent des céréales,
d’abord les grains qui déchirent
la terre pour voir la lumière,
mais la terre mère est obscure,
et en moi je suis obscur :
Je suis comme un puits dans les eaux duquel
la nuit dépose ses étoiles
et poursuit seule à travers la campagne.
Le fait est que j’ai tant vécu
que je veux vivre encore autant.
A présent, comme toujours, il est tôt.
La lumière vole avec ses abeilles.
Laissez-moi seul avec le jour.
Je demande la permission de naître.
Pablo Neruda

Envoyé par Isabelle

 Le temps est un bel exemple d'impermanence ! Isabelle


Le temps est un bel exemple d’impermanence !
Isabelle

 

Accueillir l’impermanenceEn 1997, lors d’un enseignement de quelques jours sur le lâcher-prise dans votre centre de méditation bouddhiste en Dordogne, j’ai fait connaissance avec le thème de « l’impermanence ». Ma vision personnelle du mouvement de la vie s’est considérablement modifiée.Je me suis mise à accueillir le changement. L’accueillir, le reconnaître et me l’autoriser…

Ceci me parait être un des principes de base pour nous remettre en question, nous transformer et renaître dans l’épreuve.

L’impermanence est à mon sens l’outil de la non-saisie. Cette attention au mouvement constant de la vie qui nous renseigne sur les possibilités du moment. Puis vient celui de l’intention, qui est une action de volonté !

L’attention renforce et l’intention transforme…

Joelle

inconnu

 

Merci aux peintres et photographes. Nous avons associés les photos avec des phrases envoyées.
Il y avait une vidéo mais le format ne passait pas.
Il se peut que l’une ou l’autre participations ne se retrouve pas sur la page.
rendez-vous pour la prochaine page collective…

La page collective : l’impermanence

Une page collective du blog de Dhagpo Bordeaux,
c’est chacun qui participe à l’élaboration d’une page créative sur un thème commun.
Cette fois-ci, le thème est « l’impermanence »

C’est quoi ?
Si chacun envoie une photo, un texte (500 mots environ), une dessin ou encore une vidéo, nous pourrons en faire une page collective. Nous choisirons parmi les propositions pour en faire un reflet de nos réflexions.

L’échéance
Nous avons trois semaines pour envoyer nos créations. Nous sommes le 20 juillet, les propositions doivent arriver avant le 9 août.

Le thème : l’impermanence
L’impermanence signifie que tout change sans cesse. La difficulté est que tout ce qui nait, tôt ou tard meurt ; tout ce qui est rassemblé, à un moment ou à un autre se sépare ; tout ce qui est accumulé, finalement se perd. Mais aussi, c’est l’impermanence qui nous permet de nous remettre en question, de nous transformer, de renaître à nouveau.  L’impermanence est un processus organique, une réalité. La question est : comment la vivre ?

Donc
C’est la première page collective que lance le blog de Dhagpo Bordeaux. Si cela marche, il y en aura d’autres. C’est une façon de réfléchir ensemble à l’essentiel, là où nous sommes. C’est l’esprit de ce blog : des horizons différents, des regards croisés, des visions qui se rencontrent.

Comment participer ?
Quattre façons d’envoyer vos propositions : par mail à dhagpobordeaux@gmail.com ou alors par :

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impermanence

 

 

Un autre regard sur la fin de vie

Cet article nous parle de la fin de vie et de son accompagnement. Ici, il ne s’agit pas des fins de vies violentes qui ne laisse évidemment pas le temps d’un accompagnement. Anila Trinlé nous explique que ce temps qui précède la mort doit être remis dans son contexte, dans l’histoire de la personne, ce qui nous permet de comprendre sa souffrance et de l’écouter. Elle donne quelques clés pour  poser un regard neuf sur l’autre dans la perceptive d’un cheminement plus apaisé tant pour celui qui s’en va que pour celui qui accompagne.  

Comprendre les souffrances de la fin de vie

Lorsque nous parlons de l’accompagnement des personnes en fin de vie, cela implique que le processus de fin de vie nous laisse le temps de l’accompagnement, lorsque des personnes se voient confrontées à leur mort prochaine, soit du fait de la vieillesse, soit d’un processus pathologique évolutif.

Posons un postulat de départ et considérons que la mort est une étape naturelle de la vie et non pas un échec, que ce soit d’un point de vue médical ou humain. Le corollaire de cette notion, est que la personne en fin de vie est un être vivant à part entière jusqu’à son dernier souffle, un être possédant une dignité fondamentale et inaltérable.

Un parcours douloureux

Considérons une personne en fin de vie, pour comprendre sa souffrance, il est nécessaire de concevoir son parcours de malade. Depuis le premier symptôme inquiétant jusqu’à ce jour, de nombreuses épreuves ont été traversées : examens multiples et variés, traitements souvent lourds et douloureux, peut-être une ou plusieurs interventions chirurgicales, en fait, tous les moyens possibles ont été mis en œuvre pour contrecarrer le cours de la maladie.

De ce fait, ce malade a connu un lourd passé d’espoirs déçus, d’angoisses diverses, et c’est tout son être qui est en difficulté, tout son être qui en est affecté, et c’est pourquoi nous devons prendre en considération sa souffrance globale, à savoir la souffrance physique (douleurs et inconforts), la souffrance sociale et familiale, la souffrance psychique.

Le processus de la souffrance psychologique est enclenché dès le début de la maladie, et quatre types d’états d’esprit se manifestent : la colère, la culpabilité, la peur et la dépression.

La colère, expression du refus de vivre ces souffrances est souvent mal tolérée par l’entourage. La colère a besoin d’une cible, que ce soit le corps médical, Dieu ou la destinée, l’entourage, ou soi-même.

La culpabilité peut être ressentie parce que l’on se sent un poids pour ses proches, parce que l’on vit difficilement la dépendance et qu’on ne se sent pas assez fort pour faire face à la situation…

Différentes peurs peuvent prendre place : la peur de la mort, de la douleur, de la déchéance physique ou mentale, peur de la perte de contrôle sur les événements.

Quant à  la dépression, elle est une phase naturelle du processus des différents deuils que le malade est contraint de vivre face aux pertes rencontrées : perte de la bonne santé, de l’autonomie, de son statut social et familial, de ses projets, de son avenir, jusqu’à la perte de sa propre vie.

A partir de toutes ces souffrances, des stratégies de protection non conscientes vont prendre place en fonction des tendances de chacun. Face aux diverses difficultés, le déni, l’agressivité, la régression ou le contrôle excessif vont être des moyens de se protéger pour ne pas rencontrer ce que l’on refuse de vivre.

Que faire de la souffrance ?

Il est difficile de faire face à la souffrance de la fin de vie si nous n’y avons jamais réfléchi au cours de notre existence. Plutôt que de se battre contre elle, le Bouddha nous invite à en comprendre son fonctionnement. Les souffrances que nous rencontrons durant notre vie peuvent nous servir à mieux comprendre l’esprit et ses fonctionnements et à prendre conscience de la souffrance des autres. La façon dont nous allons les aborder débouchera sur un sens né de l’expérience. Si la souffrance a une signification, elle peut être intégrée à la vie.

Bien sûr, la douleur physique doit être soulagée par des traitements appropriés ; mais le fait de la soigner et de la dissiper ne doit pas nous empêcher de la prendre comme support de notre réflexion spirituelle. Il s’agit d’établir un rapport sain à la souffrance de façon à savoir quels remèdes nous pouvons lui apporter et, si elle est reconnue, comment l’amener au chemin spirituel.

Il semble important de bien différencier notre propre souffrance et celle de l’autre. On ne peut imposer à l’autre notre façon de vivre. Face à une personne en fin de vie, une attitude d’accueil de ce qu’elle exprime, vit et ressent, une écoute consciente de nos jugements et de nos représentations, sont une aide précieuse. Cette présence chaleureuse lui permet de poser un regard différent sur son vécu, et donc un cheminement plus apaisé peut prendre place.

Trinlé

fin de vie

 

La douleur, le gain et la course pour la vie.

Personne ne veut de douleur ni de crises mais dans la vie, nous sommes inévitablement confrontés à de telles expériences. Elles font partie de la vie en général – il n’est pas de vie sans douleur. En effet, dans une perspective bouddhiste, le dicton « sans peine, point de gain » est plein de vérité, bien que ce ne soit pas exactement au sens où on l’on entend habituellement.

Comment faire pour que cela marche pour vous

Si nous savons utiliser notre sagesse pour faire face à la douleur et aux difficultés auxquelles nous sommes confrontés, de telles expériences sont susceptibles de nous aider à développer une compréhension accrue des choses ainsi que de la richesse intérieure.

1. Acceptez le fait que la douleur fait naturellement partie de la vie : de temps en temps, nous éprouvons de la douleur, des émotions bouleversantes et des crises, pour la simple raison qu’elles font partie de notre existence humaine.
C’est pourquoi, lorsque nous comprenons que quels que soient nos efforts, il ne nous est pas exactement possible d’éviter de telles expériences, nous pourrions aussi bien les accepter et en apprendre quelque chose. Quel que soit l’effort que nous fournissons pour essayer d’éviter l’inévitable, lorsque nous acceptons et tentons de comprendre les expériences douloureuses, nous pouvons apprendre et grandir.

2. Peine et joie sont – telles la lumière et l’obscurité – les deux revers de la même médaille. Elles sont interdépendantes et inséparablement liées l’une à l’autre. Lorsque l’on peint un tableau ou que l’on prend une photo, s’il n’y a ni lumière ni obscurité, il n’y a ni image ni tableau. C’est précisément le contraste entre lumière et obscurité qui leur confère beauté et couleur.
De même, puisque nous avons une vie, il ne sert à rien de dire que nous voulons une vie sans problèmes ni crises. Cela reviendrait à dire que nous voudrions une image sans lumière ni obscurité. Pour aller plus loin dans le raisonnement, dans cette perspective, la vie elle-même semble dépendre de la mort, elle aussi. Il n’y a pas de vie sans mort – et vice versa, également.
Le comprendre peut vraiment nous aider à apprécier cette expérience qu’on appelle la vie – et à apprécier les opportunités que nous avons pour nous aider et aider les autres.

3. Réveillez-vous et ouvrez les yeux : chaque fois que nous sommes confrontés à une crise et que nous lui appliquons notre sagesse, la douleur a cette capacité de nous rendre conscients de notre état physique et mental – comme une sorte de sonnette d’alarme. Même si nous ne sommes pas tout à fait heureux de ressentir de la douleur, nous pouvons alors trouver un moyen d’apprécier l’expérience. Plutôt que de porter exclusivement notre attention sur notre souhait de nous débarrasser de la douleur aussi vite que possible, nous sommes capables d’extraire de ces émotions quelque chose qui a du sens.

Nous avons tous un esprit, et il n’y a pas d’esprit sans sagesse. Utilisons notre sagesse de manière sensée afin de voir la nature de la vie plutôt que de l’utiliser pour voir un tableau sans ombre ni lumière.

Cependant, afin de faire émerger notre sagesse intrinsèque, il nous faut vraiment nous accorder un moment pour contempler. En extrayant de notre esprit tout ce qui est utile, nous pouvons nous aider nous-mêmes et aider les autres. Nul besoin de soulever des montagnes. C’est très simple – il nous suffit de partager notre expérience.

Lorsque nous envisageons la douleur comme faisant partie de la mosaïque de nos expériences existentielles, nous nous enrichissons d’une nouvelle perspective de la vie et du monde – et nous avançons ensemble dans la course de la vie.

Paroles du 17e Gyalwa Karmapa, Trinley Thayé Dorjé issues de son blog du Huffington Post.

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De la compassion dans la médiation scolaire, un défi !

La compassion est d’abord un état d’esprit, elle peut se décliner dans toute profession ou activité. Olivier Coudroy, formateur en médiation scolaire, a acquis son expérience lors de sa recherche en doctorat et en menant différents projets de médiation en milieu y scolaire. Il ébauche la rencontre entre compassion et médiation. Tenter de réunir plutôt que de séparer, une pratique et un défi au quotidien.

Vous avez dit bonheur ?

Le point de départ de toute démarche spirituelle ne serait-il pas la prise de conscience de la souffrance ? Si tout allait bien pour tout le monde, il n’y aurait sans doute pas beaucoup de questions à se poser, chacun profitant de sa situation. À bien y regarder, il semblerait que la réalité du monde soit autre. Bien entendu, nous expérimentons tous des moments de bonheur, des situations agréables et nous rencontrons des relations qui nous font grandir.

Cependant, bien souvent, ces expériences sont marquées par une profonde insatisfaction. Que dire lorsque notre vie est caractérisée par un mal-être général, voire de véritables souffrances. Regardons en nous et dans notre environnement proche ou lointain la manière dont ces mots résonnent.

Lorsque nous avons une véritable conscience de notre propre situation et de celle des autres, nous ne pouvons faire autre chose que développer de la compassion. Sur base de la reconnaissance de la souffrance, le souhait de pouvoir en être libéré et d’en libérer autrui s’élève naturellement. Comment rester impassible à la vue d’un être dans la difficulté sans vouloir, dans l’intention d’abord, qu’il soit délivré de cette condition. Si, comme moi, cette pensée n’est pas toujours spontanée, voire parfois totalement absente, une des raisons s’explique par notre manque d’entraînement. Notre manque d’entraînement à voir, à être présent à soi-même et aux autres.

Dans la considération de l’autre, un sentiment corolaire peut également s’élever : l’amour. Pour Jigmé Rinpoché : « L’amour est ce mouvement tout naturel qui consiste à souhaiter que cela aille bien pour tout le monde, soi-même y compris, bien sûr. » Tout le monde recherche le bonheur, notre amour s’exprime dans notre capacité, au minimum dans l’esprit, à faire en sorte que cela advienne.

Du côté des jeunes

Il semblerait que l’espace scolaire n’échappe pas au constat d’un bonheur relatif. La deuxième enquête nationale de victimation et de climat scolaire de 2013 montre que 93 % des collégiens sont satisfaits du climat à l’école.

Cependant, ce constat est entaché par la multiplication des micro-violences : insultes (57 %), vol de fournitures (47 %), surnoms méchants (39 %) et mise à l’écart (37 %). Il existe également de nouvelles formes de violence telles que la cyber-violence (13 % des élèves rapportent avoir été insultés via internet ou le téléphone portable). De plus, la part des multivictimations modérées est de 11 %, alors que celle identifiée comme du harcèlement est de 7 %.

Le dernier sondage de baromètre bien-être des adolescents montre que 72 % des jeunes se sentent bien à l’école mais que 45 % d’entre eux se disent souvent sous pression et 30 % rapportent avoir des difficultés à aller vers les autres. La médiation scolaire en tant qu’outil de gestion des relations a son rôle à jouer.

Communiquer autrement

Lorsque de petits conflits éclatent entre les jeunes, le recours à une médiation peut permettre de résoudre la situation. Toute la difficulté des relations interpersonnelles réside dans notre manque de capacité à nous mettre à la place des autres. Lorsque deux élèves sont en opposition, le ressenti se limite à l’expérience personnelle de chacun. Le médiateur va avoir pour rôle d’amener l’un et l’autre des partis à prendre conscience de la situation du point de vue de l’autre.

Plusieurs approches de la médiation sont possibles. Celles basées sur la Communication Non Violente de Marshall Rosenberg, comme le propose l’association Génération Médiateurs , me paraissent plus pertinentes.

L’élève médiateur va, dans un premier temps, reformuler les propos de chacun en se basant sur les faits, en essayant de les dissocier de leur interprétation émotionnelle. De cette manière, il est plus aisé d’avoir accès au point de vue de l’autre. Ensuite, le médiateur fait émerger le sentiment éprouvé par chacun. Petit à petit, il facilite la prise de conscience de la souffrance vécue par les jeunes. Des bribes de compassions sont expérimentées, les élèves en conflits prennent doucement conscience de la situation de l’autre. Dans un deuxième temps, le médiateur va faire exprimer les besoins de chaque élève médié. De cette manière, il amorce la possibilité d’entrevoir ce qui est bon pour l’autre. Cette étape se termine par la recherche d’un accord gagnant-gagnant. Il s’agit d’une mise en œuvre de notre capacité à aimer, à chercher ce qui est bénéfique pour soi et pour autrui.

Khenpo Yéshé Ouangden a enseigné à Dhagpo Bordeaux que pour développer un amour et une compassion juste, notre pratique devait être fondée, en premier lieu, sur l’équanimité. Dans la gestion des conflits, les élèves médiateurs rappellent en début de séance leur rôle : ni juges, ni arbitres, ils ne prennent pas parti. Cette étape est primordiale.

Nous avons la possibilité et la responsabilité dans ce monde difficile de développer plus de compréhension de soi-même et des autres. Tenter de réunir plutôt qu’opposer, voilà le socle de la construction d’une société plus harmonieuse et plus joyeuse.

Olivier Coudroy

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Quatre entrées en la voie du milieu

La voie médiane est un moyen de ne pas se faire piéger. Elle n’est pas un consensus mou, elle est la brèche à trouver dans chaque situation, un déséquilibre stable. La voie du milieu est un entrainement, une façon d’éprouver les situations sans se faire illusionner.

Quatre exemples :

1. La voie du milieu des émotions 

Nous sommes sans cesse soumis aux émotions, elles colorent notre esprit, elles décident de notre perception. Bien souvent, elles agissent à notre insu.

– Extrême 1 : nous taisons l’émotion, on s’assoit dessus, on la colle au placard, bref, on la refoule. C’est alors la cocote minute qui, doucement, se met sous pression.

– Extrême 2 : nous exprimons l’émotion, malgré nous ou volontairement. « C’est de l’énergie qui se consume », se dit-on. Mais exprimer l’émotion a des conséquences et en plus, elle aveugle.

– Le milieu : apprivoiser l’émotion. Nous ne sommes plus dupe, on sait quand elle s’élève, on en connait les effets et au final, elle se dissipe. Peu à peu, elle ne nous contamine plus, il y a suffisamment d’espace pour la laisser être.

2. La voie du milieu de l’erreur 

Se tromper est inhérent à l’action. Que ce soit par le manque ou par l’excès, la justesse nous fait défaut. Trop de causes et trop de circonstances que pour maîtriser les situations, l’erreur nous dépasse.

– Extrême 1 : nous culpabilisons. Nous ne collons pas à ce que nous devrions être, nous nous sentons hors cadre. On se pense mauvais avec un sentiment d’irréparable. On est mal.

– Extrême 2 : on s’en fout, même pas mal, même pas peur. On plonge dans la négligence. On préfère regarder ailleurs. On verra plus tard.

– Le milieu : reconnaître l’erreur. Elle n’est jamais aléatoire, elle nait d’un contexte,  elle a son histoire. Elle est un symptôme et nous donne des clés. On peut réparer, on peut en apprendre.

3. La voie du milieu de la relation

Nous sommes toujours en relation. Parfois on aime, parfois non, parfois ça le fait et parfois ça gratte mais, toujours, nous sommes en lien. L’altérité nous interpelle, l’autre nous questionne, juste par ce qu’il est.

– Extrême 1 : complaisant, nous nous adaptons a tout prix ;  indulgent, toujours nous pardonnons. La relation est mièvre, fade, même si on fait bonne figure.

– Extrême 2 : intolérant, nous jugeons. L’autre est trop différent pour nous ; sourde condamnation de ce qu’il dit, de ce qu’il fait, de ce qu’il pense, même si on fait bonne figure.

– Le milieu : comprendre l’autre. Il est comme nous, il est vivant. Il cherche, pour sa pomme. Il navigue comme il peut, insatisfait.  Et il peut changer.

4. La voie du milieu de la méditation 

La méditation est un entraînement à la non distraction. Elle ouvre à un autre mode de connaissance de nous-mêmes et donc des autres. Elle pacifie et clarifie l’esprit.

– Extrême 1 : il n’y a rien à faire, on se relaxe, on se détend. Nous recherchons le bien-être, la simplicité. Méditer c’est être bien, en harmonie ; on pondère.

– Extrême 2 : rien n’y fait, on se bat, on torpille les pensées, elles nous encombrent. Nous cherchons le calme, l’apaisement. Que plus rien ne se passe et nous serons bien.

– Le milieu : éprouver le mouvement. Le laisser advenir, libre. Se détendre mais en vigilance, attentif mais en ouverture. Trop tendu, on relâche, trop ouvert, on revient. Méditer c’est voir sans se faire avoir.

D’un extrême à l’autre, nous sommes ballotés au gré des circonstances. L’extrême, parfois, est sournois, parfois il est extrême. Il est habitude, il est notre norme. Le débusquer, le démasquer et le dissoudre, telle est la voie médiane. Mais alors, que reste-t-il ? Du prendre soin à chaque fois renouvelé.

Puntso

[ Dans cet article, la voie médiane n’est pas abordée en tant que système philosophique établit par le Bouddha et développé plus tard par Nagarjuna ; il s’agit d’un état d’esprit tel qu’enseigné dans le bouddhisme. ]

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La mort, alors, n’a qu’à bien se tenir

L’avènement de la mort génère du chaos. La mort de l’autre nous sidère, elle entrave la pensée, elle empêche la logique du quotidien. La mort et son cortège d’inquiétudes, de peurs, de négociations, et de larmes. La mort est une injure au vivant ! Elle nous prend à chaque fois par surprise, même quand elle est attendue. On l’aime pas. Elle pue. Elle refroidit. Elle fait du vide qui nous remplit. Elle produit du manque, du silence inconfortable, des formules toutes faites. Elle n’épargne personne et puis plus rien. Et revoilà l’absence. On a beau résister, faire comme si et regarder ailleurs. On proclamera même, rebelle : «  la mort n’existe pas ! »  Elle est persistante : ce qui commence ne peut durer indéfiniment ; ce qui, ici, se rassemble, là se sépare ; ce qui a été construit se détruit, souvent petit à petit ; ce qui nait, disparait. Tôt ou tard.

Oui mais. La mort n’est pas une sentence, elle est un fruit. Elle est l’expression manifeste du changement, l’instant où la transformation devient visible, incontournable. La mort est le symptôme criant de l’impermanence qui, elle, est insidieuse. Elle avance masquée à nos yeux, imperceptible, invisible même. Pourquoi meurt-on ? Parce que l’on nait. Et une fois né, nous n’avons de cesse de changer. C’est dans le moment que cela se passe. Ça bouge tout le temps, ça se modifie, ça s’altère, ça se remanie. Il n’y a pas de même. D’instant en instant chaque infime partie de moi se transforme. Trouvez donc une cellule, un pore, un poil qui soit stable. Rien du tout. Ça file, ça défile.

Laissons la mort et parlons du changement, rencontrons les métamorphoses. Attention, c’est mathématique : pour qu’une chose change il faut que ses parties se transforment. Pour qu’elles se transforment, il faut qu’elles s’influencent l’une l’autre. (Ceci est vrai pour les parties des parties). La formule est simple, une triade inséparable : changement/composé/interdépendance. Attention, cela devient philosophique : il n’y a donc pas « d’être » aux choses, elles ne sont qu’une dynamique. Nous ne sommes pas matière, nous sommes proces. Le mouvement est constant. Les parties dont nous sommes composées sont dépendantes les unes des autres et se transforment, encore et encore. Depuis le début de la lecture de ce texte, vous êtes déjà autre, ce qui vous compose a changé. Attention, cela devient flippant : la vie nous dit : « impermanence » et nous répondons, trop fier : « un, permanence ».

Ce n’est pas l’impermanence qui fait problème, les choses changent de toutes façons. C’est notre déni de l’impermanence qui nous accable. C’est ce déni qui rend la mort insupportable car nous refusons ce qui nous y mène. Les choses changent et nous les percevons comme pérennes, elles sont composées et nous les saisissons comme entités, elles sont dépendantes et nous les concevons comme autonomes : « Je suis une entité indépendante qui dure » Comment voulez-vous alors que la mort ne nous prenne pas par surprise ?

L’impermanence est notre meilleure alliée. A jouer à cache cache avec elle, on sort toujours perdant. Et pour longtemps. Apprivoiser l’impermanence c’est se lier d’amitié avec le réel, c’est frayer avec le vrai, c’est prendre soin. Revisitons l’impermanence, explorons-là, laissons-là nous surprendre, déshabillons-là. Et quand l’impermanence nous devient familière, l’illusion s’estompe, le faux-semblant s’efface. La mort, alors, n’a qu’à bien se tenir.

(A Shamarpa)

Puntso

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La posture, une évidence trompeuse

Claude Magne, qui assume aujourd’hui la responsabilité du centre zen Dôshin à Bordeaux, nous parle de la posture de méditation. Ici la posture n’est pas seulement un moyen ou une technique ; elle est la méditation elle-même et la méditation est la réalisation. Claude nous emmène dans l’expérience de la posture. « La posture est la forme, comme conscience et non comme conformité à un modèle. » nous dit-il. Le langage est parfois poétique, parfois technique, toujours sensible. Une autre façon de vivre la posture.

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La posture n’est pas une forme, une position à prendre, à laquelle le corps doit se conformer. La notion de posture est à prendre au sens large : une manière d’appréhender l’expérience de l’assise, une attitude en recherche d’équilibre qui est l’expression globale de la posture intérieure du pratiquant. Il s’agit d’une dynamique interne et externe, composée de mouvements perceptibles, des plus grossiers aux plus subtils qui révèlent différentes facettes de la personne : sa relation au sensible, au perceptif, au cognitif, à l’émotionnel. Elle est vie, c’est-à-dire mouvement et matière en constante métamorphose. Elle est en constante évolution, entropie et renouvellement.

La posture est donc un processus plus qu’une forme. Elle peut se décrire différemment selon les personnes et les moments. Elle se manifeste par diverses expressions dans la présence. Elle est une expression de par sa verticalité, son équilibre, sa tension, sa respiration, son occupation de l’espace, son rythme interne.

La posture enfin, est la capacité d’ouverture. Nous y découvrons différentes portes d’accès à nous-mêmes. Nous devenons ajustables et acceptons de penser de manières variées. Nous entrons en relation avec la profondeur, dépassant les cinq sens pour vivre en conscience des aspects subtils de notre organicité : l’expérience de notre dimension somesthésique. Puis nous comprenons l’interaction avec l’environnement. Cette plasticité, cette ouverture au changement est la posture. Elle est, par le corps exposé, fenêtre sur soi et sur le monde, à l’interaction des flux qui entrent et sortent du dojo. Vivre le changement et sentir l’interdépendance des différentes instances qui nous composent, les harmoniser, se fondre dans le mouvement de va et vient entre perception et désir d’agir, voilà la posture de zazen.

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L’assise silencieuse ne peut être ni un moyen technique, efficace, auquel il faut se contraindre, ni un objectif à atteindre. C’est, dans le meilleur des cas, le moment d’une présence, un présent, dans le sens de cadeau et d’acte de don, et aussi un moment inscrit hors du temps fonctionnel, le Présent. Ce présent n’est pas un point fixe qui se déplace dans l’horizontalité du temps, ce n’est pas une expérience suspendue hors de cette continuité, ni un cycle de renouvellement. C’est plutôt une étendue de temps et de matière sans caractéristique propre, traversée par toutes les formes possibles, unifiée par la capacité de métamorphose de l’esprit vaste.

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La première chose à observer est le ralentissement extrême. Nous rentrons dans la lenteur et laissons courir l’activité ordinaire du mental et du corps. C’est comme se trouver à l’abri d’un vent violent et l’entendre filer au-dessus de nos têtes. Par cette lenteur notre activité interne se déploient, apparaissent les points fixes, les agitations, les rumeurs. Peu à peu se dessine notre contours corporel et perceptif, nous voyons apparaître des angles morts dans la perception de nous-mêmes, des zones insensibles dans le corps. Alors il nous faut bien considérer que zazen est une pratique globale de l’être-là.

La totalité de nos constituants est concernée : le corps avec les sens, la profondeur sensible des organes, des ensembles musculaires, ligamentaires, osseux, l’émotion, la réflexion, l’imaginaire, la construction de la pensée. Nous voyons clairement le déploiement incessant de l’activité, et par l’apparente immobilité, la suspension de toute action volontaire. Chaque chose nous fait signe et nous commençons à entendre, à lire ce qui s’annonce. C’est notre intention en pratique : saisir les signes qui déploient ici et maintenant la danse des phénomènes sur fond d’espace infini.

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Les occidentaux ont une perception du corps qui est souvent déficitaire, un apprentissage est souvent nécessaire pour retrouver une certaine proximité avec la sensation corporelle. Nous identifions le corps à un ensemble somatique, mécanique, dont nous prenons soin, au mieux comme d’un jardin pour sa beauté, sa santé, son efficience. Cette conception est insuffisante pour comprendre le sens de la méditation assise. Pouvons-nous concevoir l’ensemble de ce que nous sommes comme un tout intelligent qui, une fois relié et unifié dans ses grandes fonctions ouvre pour l’homme à une juste compréhension de ce qu’il est ?

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Si nous maintenons la posture par la volonté, voulant correspondre à l’image que nous entretenons, à une représentation de ce que nous devons être en zazen, nous ne pouvons nous détendre, nous abandonner et recevoir les signes d’une ouverture, une manière d’être plus accueillante. Il est nécessaire de laisser tomber tout vouloir et tout désir de conformité pour accéder à une conscience de soi plus profonde. Cette attention ne se fait pas spontanément il est nécessaire d’être accompagné sur cette voie.

L’éducation du corps est presque un préalable à la pratique de zazen, Elle facilite la compréhension et nous soulage des malentendus qui sont du à notre incapacité à percevoir les messages corporels. C’est un véritable travail d’émancipation du ressenti corporelle qu’il faut poursuivre pour ne plus être soumis au mental qui rigidifie, contraint et empêche toute expression unifiée de notre personne.

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Si la présence est au-delà de toute forme, elle n’est pas pour autant dénuée de forme, c’est-à-dire de conscience. C’est la forme, comme conscience et non comme conformité à un modèle. La conscience reconstruit a posteriori et organise le vécu. Elle oeuvre à comprendre la posture et à l’apprécier, elle renouvelle notre représentation du monde avec finesse. La posture juste est toujours à venir.

Claude Magne

Nous remercions Claude pour son autorisation à publier ces extraits issus d’enseignements transmis durant des temps de retraite.

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