Un autre regard sur la fin de vie

Cet article nous parle de la fin de vie et de son accompagnement. Ici, il ne s’agit pas des fins de vies violentes qui ne laisse évidemment pas le temps d’un accompagnement. Anila Trinlé nous explique que ce temps qui précède la mort doit être remis dans son contexte, dans l’histoire de la personne, ce qui nous permet de comprendre sa souffrance et de l’écouter. Elle donne quelques clés pour  poser un regard neuf sur l’autre dans la perceptive d’un cheminement plus apaisé tant pour celui qui s’en va que pour celui qui accompagne.  

Comprendre les souffrances de la fin de vie

Lorsque nous parlons de l’accompagnement des personnes en fin de vie, cela implique que le processus de fin de vie nous laisse le temps de l’accompagnement, lorsque des personnes se voient confrontées à leur mort prochaine, soit du fait de la vieillesse, soit d’un processus pathologique évolutif.

Posons un postulat de départ et considérons que la mort est une étape naturelle de la vie et non pas un échec, que ce soit d’un point de vue médical ou humain. Le corollaire de cette notion, est que la personne en fin de vie est un être vivant à part entière jusqu’à son dernier souffle, un être possédant une dignité fondamentale et inaltérable.

Un parcours douloureux

Considérons une personne en fin de vie, pour comprendre sa souffrance, il est nécessaire de concevoir son parcours de malade. Depuis le premier symptôme inquiétant jusqu’à ce jour, de nombreuses épreuves ont été traversées : examens multiples et variés, traitements souvent lourds et douloureux, peut-être une ou plusieurs interventions chirurgicales, en fait, tous les moyens possibles ont été mis en œuvre pour contrecarrer le cours de la maladie.

De ce fait, ce malade a connu un lourd passé d’espoirs déçus, d’angoisses diverses, et c’est tout son être qui est en difficulté, tout son être qui en est affecté, et c’est pourquoi nous devons prendre en considération sa souffrance globale, à savoir la souffrance physique (douleurs et inconforts), la souffrance sociale et familiale, la souffrance psychique.

Le processus de la souffrance psychologique est enclenché dès le début de la maladie, et quatre types d’états d’esprit se manifestent : la colère, la culpabilité, la peur et la dépression.

La colère, expression du refus de vivre ces souffrances est souvent mal tolérée par l’entourage. La colère a besoin d’une cible, que ce soit le corps médical, Dieu ou la destinée, l’entourage, ou soi-même.

La culpabilité peut être ressentie parce que l’on se sent un poids pour ses proches, parce que l’on vit difficilement la dépendance et qu’on ne se sent pas assez fort pour faire face à la situation…

Différentes peurs peuvent prendre place : la peur de la mort, de la douleur, de la déchéance physique ou mentale, peur de la perte de contrôle sur les événements.

Quant à  la dépression, elle est une phase naturelle du processus des différents deuils que le malade est contraint de vivre face aux pertes rencontrées : perte de la bonne santé, de l’autonomie, de son statut social et familial, de ses projets, de son avenir, jusqu’à la perte de sa propre vie.

A partir de toutes ces souffrances, des stratégies de protection non conscientes vont prendre place en fonction des tendances de chacun. Face aux diverses difficultés, le déni, l’agressivité, la régression ou le contrôle excessif vont être des moyens de se protéger pour ne pas rencontrer ce que l’on refuse de vivre.

Que faire de la souffrance ?

Il est difficile de faire face à la souffrance de la fin de vie si nous n’y avons jamais réfléchi au cours de notre existence. Plutôt que de se battre contre elle, le Bouddha nous invite à en comprendre son fonctionnement. Les souffrances que nous rencontrons durant notre vie peuvent nous servir à mieux comprendre l’esprit et ses fonctionnements et à prendre conscience de la souffrance des autres. La façon dont nous allons les aborder débouchera sur un sens né de l’expérience. Si la souffrance a une signification, elle peut être intégrée à la vie.

Bien sûr, la douleur physique doit être soulagée par des traitements appropriés ; mais le fait de la soigner et de la dissiper ne doit pas nous empêcher de la prendre comme support de notre réflexion spirituelle. Il s’agit d’établir un rapport sain à la souffrance de façon à savoir quels remèdes nous pouvons lui apporter et, si elle est reconnue, comment l’amener au chemin spirituel.

Il semble important de bien différencier notre propre souffrance et celle de l’autre. On ne peut imposer à l’autre notre façon de vivre. Face à une personne en fin de vie, une attitude d’accueil de ce qu’elle exprime, vit et ressent, une écoute consciente de nos jugements et de nos représentations, sont une aide précieuse. Cette présence chaleureuse lui permet de poser un regard différent sur son vécu, et donc un cheminement plus apaisé peut prendre place.

Trinlé

fin de vie

 

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3 Commentaires

  1. Javi Ramos

     /  12 juillet 2014

    He me demandè si le peur a la mort il serait le peur a une soufrance.

    Réponse
  2. Anila Trinlé

     /  15 juillet 2014

    effectivement, bien souvent quand il est question de la peur de la mort, c’est moins de la mort elle-même que la peur de la souffrance qui peut l’accompagner, peur des circonstances de la mort, peur de ce qui se passera ensuite, peur de laisser les gens qu’on aime…

    Réponse
  1. La mort et la loi : réflexion sur la fin de vie | Connaissances et Sagesses

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