La page collective : l’impermanence

Une page collective du blog de Dhagpo Bordeaux,
c’est chacun qui participe à l’élaboration d’une page créative sur un thème commun.
Cette fois-ci, le thème est « l’impermanence »

C’est quoi ?
Si chacun envoie une photo, un texte (500 mots environ), une dessin ou encore une vidéo, nous pourrons en faire une page collective. Nous choisirons parmi les propositions pour en faire un reflet de nos réflexions.

L’échéance
Nous avons trois semaines pour envoyer nos créations. Nous sommes le 20 juillet, les propositions doivent arriver avant le 9 août.

Le thème : l’impermanence
L’impermanence signifie que tout change sans cesse. La difficulté est que tout ce qui nait, tôt ou tard meurt ; tout ce qui est rassemblé, à un moment ou à un autre se sépare ; tout ce qui est accumulé, finalement se perd. Mais aussi, c’est l’impermanence qui nous permet de nous remettre en question, de nous transformer, de renaître à nouveau.  L’impermanence est un processus organique, une réalité. La question est : comment la vivre ?

Donc
C’est la première page collective que lance le blog de Dhagpo Bordeaux. Si cela marche, il y en aura d’autres. C’est une façon de réfléchir ensemble à l’essentiel, là où nous sommes. C’est l’esprit de ce blog : des horizons différents, des regards croisés, des visions qui se rencontrent.

Comment participer ?
Quattre façons d’envoyer vos propositions : par mail à dhagpobordeaux@gmail.com ou alors par :

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impermanence

 

 

Un autre regard sur la fin de vie

Cet article nous parle de la fin de vie et de son accompagnement. Ici, il ne s’agit pas des fins de vies violentes qui ne laisse évidemment pas le temps d’un accompagnement. Anila Trinlé nous explique que ce temps qui précède la mort doit être remis dans son contexte, dans l’histoire de la personne, ce qui nous permet de comprendre sa souffrance et de l’écouter. Elle donne quelques clés pour  poser un regard neuf sur l’autre dans la perceptive d’un cheminement plus apaisé tant pour celui qui s’en va que pour celui qui accompagne.  

Comprendre les souffrances de la fin de vie

Lorsque nous parlons de l’accompagnement des personnes en fin de vie, cela implique que le processus de fin de vie nous laisse le temps de l’accompagnement, lorsque des personnes se voient confrontées à leur mort prochaine, soit du fait de la vieillesse, soit d’un processus pathologique évolutif.

Posons un postulat de départ et considérons que la mort est une étape naturelle de la vie et non pas un échec, que ce soit d’un point de vue médical ou humain. Le corollaire de cette notion, est que la personne en fin de vie est un être vivant à part entière jusqu’à son dernier souffle, un être possédant une dignité fondamentale et inaltérable.

Un parcours douloureux

Considérons une personne en fin de vie, pour comprendre sa souffrance, il est nécessaire de concevoir son parcours de malade. Depuis le premier symptôme inquiétant jusqu’à ce jour, de nombreuses épreuves ont été traversées : examens multiples et variés, traitements souvent lourds et douloureux, peut-être une ou plusieurs interventions chirurgicales, en fait, tous les moyens possibles ont été mis en œuvre pour contrecarrer le cours de la maladie.

De ce fait, ce malade a connu un lourd passé d’espoirs déçus, d’angoisses diverses, et c’est tout son être qui est en difficulté, tout son être qui en est affecté, et c’est pourquoi nous devons prendre en considération sa souffrance globale, à savoir la souffrance physique (douleurs et inconforts), la souffrance sociale et familiale, la souffrance psychique.

Le processus de la souffrance psychologique est enclenché dès le début de la maladie, et quatre types d’états d’esprit se manifestent : la colère, la culpabilité, la peur et la dépression.

La colère, expression du refus de vivre ces souffrances est souvent mal tolérée par l’entourage. La colère a besoin d’une cible, que ce soit le corps médical, Dieu ou la destinée, l’entourage, ou soi-même.

La culpabilité peut être ressentie parce que l’on se sent un poids pour ses proches, parce que l’on vit difficilement la dépendance et qu’on ne se sent pas assez fort pour faire face à la situation…

Différentes peurs peuvent prendre place : la peur de la mort, de la douleur, de la déchéance physique ou mentale, peur de la perte de contrôle sur les événements.

Quant à  la dépression, elle est une phase naturelle du processus des différents deuils que le malade est contraint de vivre face aux pertes rencontrées : perte de la bonne santé, de l’autonomie, de son statut social et familial, de ses projets, de son avenir, jusqu’à la perte de sa propre vie.

A partir de toutes ces souffrances, des stratégies de protection non conscientes vont prendre place en fonction des tendances de chacun. Face aux diverses difficultés, le déni, l’agressivité, la régression ou le contrôle excessif vont être des moyens de se protéger pour ne pas rencontrer ce que l’on refuse de vivre.

Que faire de la souffrance ?

Il est difficile de faire face à la souffrance de la fin de vie si nous n’y avons jamais réfléchi au cours de notre existence. Plutôt que de se battre contre elle, le Bouddha nous invite à en comprendre son fonctionnement. Les souffrances que nous rencontrons durant notre vie peuvent nous servir à mieux comprendre l’esprit et ses fonctionnements et à prendre conscience de la souffrance des autres. La façon dont nous allons les aborder débouchera sur un sens né de l’expérience. Si la souffrance a une signification, elle peut être intégrée à la vie.

Bien sûr, la douleur physique doit être soulagée par des traitements appropriés ; mais le fait de la soigner et de la dissiper ne doit pas nous empêcher de la prendre comme support de notre réflexion spirituelle. Il s’agit d’établir un rapport sain à la souffrance de façon à savoir quels remèdes nous pouvons lui apporter et, si elle est reconnue, comment l’amener au chemin spirituel.

Il semble important de bien différencier notre propre souffrance et celle de l’autre. On ne peut imposer à l’autre notre façon de vivre. Face à une personne en fin de vie, une attitude d’accueil de ce qu’elle exprime, vit et ressent, une écoute consciente de nos jugements et de nos représentations, sont une aide précieuse. Cette présence chaleureuse lui permet de poser un regard différent sur son vécu, et donc un cheminement plus apaisé peut prendre place.

Trinlé

fin de vie

 

La douleur, le gain et la course pour la vie.

Personne ne veut de douleur ni de crises mais dans la vie, nous sommes inévitablement confrontés à de telles expériences. Elles font partie de la vie en général – il n’est pas de vie sans douleur. En effet, dans une perspective bouddhiste, le dicton « sans peine, point de gain » est plein de vérité, bien que ce ne soit pas exactement au sens où on l’on entend habituellement.

Comment faire pour que cela marche pour vous

Si nous savons utiliser notre sagesse pour faire face à la douleur et aux difficultés auxquelles nous sommes confrontés, de telles expériences sont susceptibles de nous aider à développer une compréhension accrue des choses ainsi que de la richesse intérieure.

1. Acceptez le fait que la douleur fait naturellement partie de la vie : de temps en temps, nous éprouvons de la douleur, des émotions bouleversantes et des crises, pour la simple raison qu’elles font partie de notre existence humaine.
C’est pourquoi, lorsque nous comprenons que quels que soient nos efforts, il ne nous est pas exactement possible d’éviter de telles expériences, nous pourrions aussi bien les accepter et en apprendre quelque chose. Quel que soit l’effort que nous fournissons pour essayer d’éviter l’inévitable, lorsque nous acceptons et tentons de comprendre les expériences douloureuses, nous pouvons apprendre et grandir.

2. Peine et joie sont – telles la lumière et l’obscurité – les deux revers de la même médaille. Elles sont interdépendantes et inséparablement liées l’une à l’autre. Lorsque l’on peint un tableau ou que l’on prend une photo, s’il n’y a ni lumière ni obscurité, il n’y a ni image ni tableau. C’est précisément le contraste entre lumière et obscurité qui leur confère beauté et couleur.
De même, puisque nous avons une vie, il ne sert à rien de dire que nous voulons une vie sans problèmes ni crises. Cela reviendrait à dire que nous voudrions une image sans lumière ni obscurité. Pour aller plus loin dans le raisonnement, dans cette perspective, la vie elle-même semble dépendre de la mort, elle aussi. Il n’y a pas de vie sans mort – et vice versa, également.
Le comprendre peut vraiment nous aider à apprécier cette expérience qu’on appelle la vie – et à apprécier les opportunités que nous avons pour nous aider et aider les autres.

3. Réveillez-vous et ouvrez les yeux : chaque fois que nous sommes confrontés à une crise et que nous lui appliquons notre sagesse, la douleur a cette capacité de nous rendre conscients de notre état physique et mental – comme une sorte de sonnette d’alarme. Même si nous ne sommes pas tout à fait heureux de ressentir de la douleur, nous pouvons alors trouver un moyen d’apprécier l’expérience. Plutôt que de porter exclusivement notre attention sur notre souhait de nous débarrasser de la douleur aussi vite que possible, nous sommes capables d’extraire de ces émotions quelque chose qui a du sens.

Nous avons tous un esprit, et il n’y a pas d’esprit sans sagesse. Utilisons notre sagesse de manière sensée afin de voir la nature de la vie plutôt que de l’utiliser pour voir un tableau sans ombre ni lumière.

Cependant, afin de faire émerger notre sagesse intrinsèque, il nous faut vraiment nous accorder un moment pour contempler. En extrayant de notre esprit tout ce qui est utile, nous pouvons nous aider nous-mêmes et aider les autres. Nul besoin de soulever des montagnes. C’est très simple – il nous suffit de partager notre expérience.

Lorsque nous envisageons la douleur comme faisant partie de la mosaïque de nos expériences existentielles, nous nous enrichissons d’une nouvelle perspective de la vie et du monde – et nous avançons ensemble dans la course de la vie.

Paroles du 17e Gyalwa Karmapa, Trinley Thayé Dorjé issues de son blog du Huffington Post.

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